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Agathe Verschaffel et ses peintures incongrues

 

À Calais, les toiles hyperréalistes d'Agathe Verschaffel rendent hommage au patrimoine industriel.

 

 

Certains se demanderont à quoi ça peut bien servir de suer un mois sur une toile, si au final, la copie égale l'original, au point qu'on est incapable de discerner le cliché du tableau. Si on ajoute à cela que la peinture s'inspire d'une photo, on frôle le masochisme. Ceux-là passeront à côté du merveilleux travail d'Agathe Verschaffel. Cette Calaisienne de 28 ans s'aventure dans un travail artistique quasi viscéral : « Ce que je peins a une âme. Le bâti est toujours chargé d'émotions fortes. Surtout dans une région comme la nôtre qui porte en elle les marques d'un lourd passé industriel ».
Consacrée aux façades délabrées de l'ancienne usine Boulart, sa première série de tableaux  la classa de facto dans la droite ligne des hyperréalistes américains.

 

Séduite par les Leavers

Briques qui s'effritent, carreaux brisés, joints de ciment lépreux, fers rouillés : Agathe Verschaffel aime ce qui a vécu. Dans une ville comme Détroit, frappée par l'effondrement de l'industrie automobile, sûr qu'elle n'aurait qu'à lever les yeux pour choisir son prochain sujet de réflexion.
Mais la cité des Bourgeois a sa propre histoire, possède ses propres vestiges parmi lesquels d'exceptionnels métiers à tisser Leavers. Des monstres en fonte dont la mécanique de précision (rivets, boulons, engrenages) a tapé dans l'oeil de notre peintre. « J'aime ce qu'ils incarnent. Surtout quand on sait qu'il en reste très peu en activité », dit-elle. Près des bassins cette fois, Agathe Verschaffel s'est allongée dans toutes les positions pour emporter avec elle quelques photos de ces immenses grues capables d'engloutir dans leurs gueules d'acier des tonnes de minerai.
De ces pérégrinations portuaires est née une variation de quinze tableaux aux lignes très graphiques. Cette fois-ci, Agathe a supprimé quelques teintes.Pour ne garder qu'un rouge et un jaune d'autant plus vifs que le ciel a tout perdu de sa céruléenne couleur.

 

Version Fémina - samedi 23.04.2011  - Texte: JEFF LEVALLEUX / Photo: SÉVERINE COURBE

 

 

PEINTURES DE CALAIS

Agathe Verschaffel / Ceci n'est pas une photo

Plein phare sur Boulart , acrylique sur toile, 92 x 65 cm

 

A 27 ans, Agathe Verschaffel a déjà un style bien affirmé, dans la veine de l'hyperréalisme, avec un sujet de prédilection: Calais, sa ville natale, dont elle explore les sites de l'ère industrielle de la fin du XIX° siècle. Elle peint les architectures et les friches des usines laissées à l'abandon, l'intérieur des ateliers de tissages de la célèbre dentelle, et les rouages de leurs mécaniques à l'arrêt, sans omettre le port avec ses grues, colosses d'acier sur les docks. En 2006, elle conçoit sa première réaliste et se distingue dès lors par sa détermination à représenter notre patrimoine industriel tel qu'il est, loin des canons de beauté que nous dicte la société actuelle. On peut trouver dans ses oeuvres des parentés avec Charles Sheeler, du mouvement précisionniste au début du XX° siècle aux Etats-Unis, le photographe et peintre des usines Ford dans les années 1930, Becker, ou encore Konrad Klapheck, le peintre des machines domestiques.

 

Marie C. Aubert - La Gazette Drouot n° 3 du 21 janvier 2011

Méca 6 - huile sur MDF - 84cm x 54cm

 

C'est à Calais, sa ville natale, qu'Agathe Verschaffel trouve l'inspiration pour créer ses oeuvres. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. Ces dernières ne sont pas des photos, malgré leur hyperréalisme étonnant. Non, ce sont des peintures qui s'offrent à notre regard, des toiles très léchées représentant des docks, des usines, des mécaniques et des friches, que la jeune artiste brosse avec talent. Un peu plus, et on entendrait le cri des mouettes, le bruit des poulies et de houle...

 

Daphné TESSON - A NOUS PARIS #507 du 24 au 30 janvier 2011

 

 

J40. Acrylique sur toile - 150x100cm - 2010

 

Le titre de l'accroche "Ceci n'est pas une photo" ancre de suite le propos de cette jeune artiste dans son média: la peinture. Marchant avec talent et un sens certain de la composition dans les traces des grands hyperréalistes américains, cette "Nordiste" nous offre non seulement une vision très graphique des univers industriels, mais aussi une vision d'un certain tragique économique en brossant d'un gris de cendre les usines de briques désertées de son Nord natal. La tristesse et le sentiment d'abandon sont ici renforcés par cette monochromie des plus habilement travaillées ou par ces mécanismes de machines définitivement à l'arrêt et que la rouille peu à peu envahit. Il y a dans son travail une dimension sociale indéniable qu'on retrouve aussi dans ses autres oeuvres présentées ici, dans ce qui est son premier accrochage parisien. Des grues, des parties d'usines, des friches industrielles dans lesquelles une certaine beauté plastique le dispute à une conscience sociale des plus actuelles. Cette émotion est ici des plus palpables. Les hommes pleurent souvent quand on ferme leurs usines...

 

Alexandre Grenier - Pariscope - semaine du 5 au 11 janvier 2011 

 

"Up" - 2010 Acrylique sur toile 100 x 100 cm

 

Agathe Verschaffel, jeune artiste de 27 ans, surprend à la fois par son style hyperréaliste très affirmé et par le choix de ses sujets: les sites industriels de sa ville natale Calais de la fin du XIX° siècle. "Ceci n'est pas une photo": Agathe peint avec  un tel réalisme, une telle précision ces lieux chargés d'histoire et de nostalgie qu'on pourrait s'y méprendre. Friches des usines laissées à l'abandon, intérieur des ateliers de tissage de la célèbre dentelle, rouages de leurs mécaniques à l'arrêt, port avec ses grues, colosses d'acier sur les docks... l'artiste en livre une représentation tantôt monochrome, tantôt très colorée pour un rendu encore plus réaliste.

 

AZART Magazine n° 48 en kiosque en  janvier février 2011

 

 

Depuis 2006, les vestiges de l'ère industrielle envahissent les peintures d'Agathe verschaffel (27 ans). Dans une veine hyperréaliste, les machines et autres manufactures à l'abandon qu'elle représente invitent à ne pas oublier la tradition dentellière qui, dès le XIX° siècle, fit la gloire de sa ville: Calais. Elles rappellent aussi les oeuvres de l'Américain Charles Sheller (1863-1965) qui, dans les années 1930, peignait les usines Ford.

 

Jérôme Buisson - Art Magazine. Janvier 2011

 

Agathe Verschaffel. "Ceci n’est pas une photo"
Avec un clin d'oeil à Magritte et la même frénésie qu’un Peter Klasen pour un traitement hyperréaliste du monde industriel, cette jeune artiste nous ouvre les yeux sur la beauté des pièces mécaniques et des colosses d’acier chromé. Jusqu’au 29 janvier 2011.

On devine un clin d’œil à Magritte derrière le titre de cette exposition d’Agathe Verschaffel, digne héritière du peintre belge par sa technique, dans la veine de l’hyperréalisme. Originaire de Calais, cette jeune artiste autodidacte n’a qu’un désir depuis 2006 : « nous ouvrir les yeux sur la beauté du patrimoine industriel ». Un univers ayant bercé son enfance, elle qui jouait sur des grues portuaires dès l’âge de dix ans ! Elle arpente ainsi sa région natale, photographiant bâtisses en briques et usines de métal pour les transposer en peinture. Cadrages audacieux, précision graphique, facture léchée comme sur papier glacé ; tout laisse à penser devant ses images que nous observons la réalité, dont on perçoit les détails les plus infimes : taches, rouille ou verre brisé. « Je ne cherche pas à embellir ce que je vois », explique l’artiste. « J’aime au contraire y laisser des éléments accidentés. » Maisons de maîtres, pièces mécaniques et colosses d’acier chromé tracent des perspectives vertigineuses. Depuis peu intervient la couleur. Unique, puissante. Ce rouge et ce jaune francs qui éclatent à la surface des compositions et en accentuent les obliques incisives. Ambiguïté frappante : le fictif se mêle à l’observé, frôlant parfois l’abstraction. Un regard épuré, neuf, sur toute la beauté de l’environnement urbain.

Exposition METAMORPHOSE - Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode de Calais

Agathe Verschaffel

Hyperréalisme en noir et blanc

 

Agathe Verschaffel,  artiste  calaisienne  autodidacte  de 26 ans, possède la faculté d'exprimer la poésie des friches industrielles désaffectées. Elle y valorise cet aspect sombre de la société que l'on souhaite parfois oublier. Après diverses expériences picturales, elle peint aujourd'hui essentiellement en noir et blanc. Une manière pour elle "de jouer avec les contrastes et de faire naître l'émotion". Emotion qu'elle ressent face aux architectures industrielles de sa ville natale aujourd'hui délaissées, "patrimoine qui s'envole" dont Agathe veut témoigner. Pour cela, elle livre, d'après photographies et une centaine d'heures de travail, des oeuvres hyperréalistes qui mettent en valeur les rythmes rationnels et rassurants des façades tout en soulignant la fragilité de ces lieux menacés. Briques, fenêtres et bow-windows deviennent autant d'éléments à explorer, autant de matières à retranscrire et à caractériser, comme un défi lancé à la photographie à laquelle, pourtant, elle n'est jamais assujettie.

Le travail d'Agathe Verschaffel sur l'usine Boulart, réalisé en 2006, donne une nouvelle résonnance au bâtiment. Désormais musée de la dentelle, il achève aujourd'hui sa mue mais conserve le caractère qui a séduit l'artiste. Ces toiles, qui témoignent d'un passé révolu, contribuent à écrire l'histoire du lieu. Histoire que les architectes poursuivent, valorisant également dans leur travail les reflets que l'artiste recherchait dans les carreaux brisés du site...
 

Sophie Henwood - attachée de conservation, responsable des collections de dentelles CIDM Calais. 2009

 

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